L'euro et le franc suisse sont-ils deux monnaies soeurs?
Résumé
La Suisse n'est pas membre de l'Union économique et monétaire européenne. Elle est néanmoins profondément ancrée dans son environnement européen par sa situation géographique et par les liens historiques, culturels et économiques étroits qui la rattachent aux pays de la zone euro. Plus de 50% des exportations suisses sont destinées aux pays de cette zone et 70% des importations helvétiques en proviennent. A l'avenir, la vie économique de la zone euro exercera une influence croissante sur l'évolution de l'économie suisse; le cours de change jouera dans ce contexte un rôle-clé en tant que mécanisme de transmission.
Dans l'optique de la Suisse, un regard rétrospectif sur les quatorze premiers mois de la monnaie européenne permet de constater la remarquable stabilité de la relation de change entre l'euro et le franc suisse. Cette stabilité, une analyse approfondie le montre, s'explique par le degré de convergence élevé des paramètres économiques fondamentaux et par la similitude des décisions de politique monétaire prises par la Banque centrale européenne et la Banque nationale suisse. Elle reposait ainsi sur des fondements économiques solides et non sur une stratégie artificielle de rattachement monétaire qui serait suivie en secret.
A l'avenir, l'évolution de la relation de change entre l'euro et le franc suisse dépendra probablement du comportement des paramètres économiques fondamentaux - en Suisse et dans la zone euro - et des réponses qui seront apportées à diverses questions politiques importantes telles que l'élargissement de l'UE et les rapports entre la Suisse et celle-ci. Rien ne garantit que le cours de change restera stable dans la mesure observée jusqu'ici. Le risque de très vives fluctuations semble toutefois limité, car l'existence de grands blocs monétaires a réduit l'attrait du franc suisse en tant que monnaie de réserve.
Qualifier l'euro et le franc suisse de monnaies sœurs est inapproprié. Ils doivent être plutôt considérés comme des compagnons de route, puisque tous deux partagent le même objectif - une évolution macroéconomique saine - et suivent la même voie vers la stabilité du niveau des prix. Quant à savoir s'ils continueront à marcher main dans la main, cela dépendra de leur état général.