Opérer dans un système monétaire dualiste: l'expérience de la Suisse
Résumé
L'arrivée de l'euro dans le système monétaire international a profondément modifié la donne. En effet, l'euro constitue actuellement une monnaie de rechange fiable par rapport au dollar. Il joue le rôle de contrepoids à la monnaie américaine, rôle qui jusqu'alors faisait défaut, et ce, au profit des autres monnaies, dont le franc suisse. Il n'y a pas si longtemps, en cas de faiblesse du dollar, les investisseurs se tournaient vers le mark allemand et – davantage même – vers le franc suisse. Leur statut de monnaie refuge avait pour conséquence que, dans les périodes de turbulences sur les marchés des changes, ces monnaies fluctuaient à des niveaux que les fondamentaux de l'économie ne justifiaient pas. Aujourd'hui, lorsque le dollar chute, les investisseurs n'ont plus à se précipiter sur le franc suisse. Toutefois, dans de telles phases de turbulences, les relations de change entre l'euro et le franc pourraient subir des pressions à la hausse et, de ce fait, restreindre la marge de manœuvre de notre politique monétaire. L'Europe forme un marché relativement bien circonscrit, certes moins que les Etats-Unis, mais nettement mieux à même de supporter les effets des adaptations que les petites économies ouvertes, comme la Suisse. Par ailleurs, la Suisse est désormais entourée de pays formant une zone monétaire et partageant le même objectif de politique monétaire, à savoir la stabilité des prix. Cette situation renforce également la stabilité extérieure du franc. Tout compte fait, la création de l'euro s'est avérée particulièrement bénéfique pour la Suisse et, plus généralement, pour de nombreux petits pays, qui peuvent à présent s'attacher à satisfaire les besoins de leurs marchés nationaux. Les expériences faites ces dernières années montrent que la Banque nationale suisse est toujours en mesure de suivre une voie indépendante et, partant, de définir une politique monétaire adaptée au contexte économique de la Suisse.