Nouveau cadre pour la conduite de la politique monétaire
Résumé
Le 15 janvier 2015, face à l'accroissement des divergences entre les politiques monétaires menées aux Etats-Unis et dans la zone euro, la Banque nationale suisse (BNS) a aboli le cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro. Les différences en termes d'inflation, de croissance économique, d'anticipations sur les taux d'intérêt et de politique monétaire s'étaient en effet très fortement accentuées dans le courant de 2014. Cette décision de la BNS implique également un nouveau cadre pour la conduite de la politique monétaire suisse.
Au second semestre 2014, le marché des changes a réagi aux disparités observées entre les deux grandes zones monétaires. Tant le volume des opérations que la nervosité sur les marchés financiers ont considérablement augmenté, et cette dynamique a également eu des répercussions sur le franc. Ce dernier a dès lors subi de fortes pressions à la hausse, et le volume des transactions sur le couple de monnaies EUR/CHF s'est notablement accru à compter de la mi-novembre. En décembre 2014, la BNS a dû intervenir sur le marché des changes afin de faire prévaloir le cours plancher. Après l'accalmie passagère qui a suivi l'annonce, le 18 décembre, de l'introduction d'un taux d'intérêt négatif sur les avoirs en comptes de virement détenus à la BNS, la situation s'est toutefois aggravée début 2015: en effet, il est apparu de plus en plus clairement que le maintien du cours plancher allait nécessiter des interventions toujours plus coûteuses sur le marché des changes, dont il était impossible de prévoir la fin.
Le cours plancher ayant été conçu comme une mesure extraordinaire de politique monétaire en lien direct avec le marché des changes, sa mise en œuvre présupposait qu'il ne pourrait être supprimé que de manière soudaine et inattendue. Pour des raisons de réputation notamment, il importait qu'aucun intervenant sur les marchés ne dispose d'information privilégiée concernant la décision. En conséquence, l'annonce par la BNS de la suppression du cours plancher a déclenché de violentes réactions sur le marché des changes et sur les marchés financiers. Parallèlement, la BNS a abaissé le taux appliqué aux avoirs en comptes de virement dans la zone négative, ce qui a entraîné une diminution très rapide des taux d'intérêt sur les marchés de l'argent et des capitaux et, avec le temps, un léger affaiblissement du franc. Afin que le taux d'intérêt négatif atteigne l'objectif de politique monétaire visé et rende les placements en francs moins attrayants, il doit être appliqué à une échelle la plus large possible. Cependant, la BNS a pleinement conscience du fait que cette mesure a aussi des effets collatéraux, en particulier pour les banques, dans le domaine de la couverture contre le risque de taux d'intérêt.
Même après la suppression du cours plancher, la politique monétaire suisse n'en demeure pas moins toujours éloignée de la normale. Si nécessaire, nous aurons recours à d'autres instruments non conventionnels dans le cadre de sa mise en œuvre. La BNS continuera d'observer l'évolution sur le marché des changes et interviendra sur ce dernier en cas de besoin.