Les nouveaux défis de la politique monétaire après la suppression du cours plancher
Résumé
Entre le 6 septembre 2011 et le 15 janvier 2015, le cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro a été l'instrument central de la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS). Durant cette période, il a notablement soutenu l'économie suisse, en corrigeant partiellement la surévaluation extrême du franc. L'année dernière, les différences entre les politiques monétaires menées dans les principales zones monétaires se sont fortement accentuées. Dans ces conditions, il n'était plus possible de maintenir le cours plancher sur la durée. Aussi la BNS a-t-elle décidé de l'abolir le 15 janvier 2015. Dans le même temps, elle a abaissé à -0,75% le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs en comptes de virement détenus à la BNS par les banques et d'autres intervenants sur les marchés financiers. Le taux d'intérêt négatif s'oppose à un durcissement des conditions monétaires en rendant la détention de francs moins attrayante par rapport aux autres monnaies.
L'introduction du taux d'intérêt négatif a d'ores et déjà permis d'obtenir l'effet escompté. Les taux d'intérêt se sont repliés pour toutes les échéances, et l'écart de taux entre les obligations de la Confédération et celles d'émetteurs étrangers présentant une solvabilité comparable s'est creusé. Le franc demeure toutefois surévalué. Il est important que le taux d'intérêt négatif puisse déployer ses effets et contribuer à affaiblir encore la monnaie suisse. Dans cette situation, il n'est pas dans l'intérêt général de notre pays que des opérateurs contournent cette mesure, soit en obtenant un régime dérogatoire, soit en détenant davantage de numéraire.
Du fait de la suppression du cours plancher, l'économie suisse doit se préparer à des temps plus difficiles. Cette année, la fermeté du franc va considérablement freiner la croissance suisse. De plus, le renchérissement mesuré à l'aide de l'indice des prix à la consommation va poursuivre son recul dans la zone négative. Cependant, la stabilité des prix à moyen terme n'est pas menacée. En effet, la période d'inflation négative ne durera pas, comme le confirment la prévision d'inflation de la BNS et l'évolution des anticipations d'inflation à moyen terme, lesquelles demeurent positives. Il n'y a notamment pas lieu de craindre une spirale déflationniste.
Les défis auxquels devra faire face la politique monétaire suisse resteront exceptionnellement complexes. Mais le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs en comptes de virement et la possibilité pour la BNS d'intervenir, si nécessaire, sur le marché des changes lui permettront d'accomplir son mandat, qui est d'assurer la stabilité des prix à moyen terme en tenant compte de l'évolution de la conjoncture.