L'économie suisse dans un monde fragilisé
Résumé
L'économie mondiale connaît un état de crise quasi permanent depuis l'été 2007. La crise des subprimes initiale a entraîné une crise bancaire et financière, qui a donné lieu à une récession profonde. Cette dernière a débouché sur la crise de la dette en Europe. L'actuelle force du franc est le reflet de la crise mondiale et s'explique principalement par son rôle de valeur refuge, rôle qui est amplifié dans les périodes de grandes incertitudes au niveau mondial.
La Banque nationale suisse (BNS) a dû prendre des mesures exceptionnelles pour lutter contre la pression à la hausse sur le franc. Si l'on considère la performance économique de la Suisse et la somme du bilan de la BNS, notre pays est celui qui s'est le plus exposé sur le plan de la politique monétaire. Face aux changements survenus à l'échelle internationale et notamment à la divergence croissante des politiques monétaires menées dans les principales zones monétaires, la BNS a décidé d'abolir le cours plancher. Si la BNS avait reporté cette décision, elle aurait risqué de perdre le contrôle de sa politique monétaire et aurait malgré tout dû supprimer le cours plancher par la suite, dans des conditions encore plus défavorables.
La suppression du cours plancher a des conséquences de grande ampleur pour l'économie suisse. Cette décision n'a pas été facile à prendre pour la BNS. Mais l'économie a toujours dû faire face à des chocs et à des mutations de l'environnement international, même si cela s'est souvent révélé douloureux. L'exemple de l'industrie horlogère montre qu'il est également possible de surmonter des crises graves. Cet exemple ne peut hélas être transposé à d'autres branches exportatrices. Actuellement, de nombreuses entreprises doivent réduire leurs coûts et accroître l'efficacité.
Les perspectives économiques dépendent fortement du développement futur de l'économie mondiale. Dans son appréciation de la situation économique et monétaire de mi-juin, la BNS considère qu'une reprise de la conjoncture internationale va s'amorcer. Le choc résultant de la force du franc devrait s'en trouver quelque peu amorti, et notre économie, renouer avec une croissance positive au second semestre. L'inflation est certes clairement passée en zone négative, mais il n'y a pas lieu pour l'instant de s'attendre à ce qu'elle se prolonge, ni à ce qu'elle débouche sur une spirale déflationniste.
Aujourd'hui, le franc est dans l'ensemble nettement surévalué. La politique monétaire actuelle vise à remédier à une situation difficile. A cette fin, la Banque nationale est prête, d'une part, à intervenir sur le marché des changes et, d'autre part, elle applique un taux d'intérêt négatif. Dans les deux cas, l'objectif est de réduire la pression à la hausse sur le franc. Dans le contexte présent, il n'existe malheureusement pas de solution idéale qui absorberait tous les chocs extérieurs. C'est pourquoi notre économie doit se préparer à affronter une période difficile.
La BNS est pleinement consciente que cette situation est très délicate pour beaucoup d'entreprises. Aussi éprouve-t-elle un profond respect envers les entrepreneurs qui doivent relever ces défis et leurs employés.