Zoom sur le marché des changes et les taux d'intérêt de référence
Résumé
Des taux de référence stables et fiables sont primordiaux pour le bon fonctionnement des marchés financiers modernes. En Suisse comme dans d'autres zones monétaires, le Libor est de loin le taux d'intérêt le plus important. Ce constat vaut non seulement pour le marché monétaire, mais aussi pour le marché des swaps de taux d'intérêt, sur lequel on échange, pour différentes échéances, des paiements à taux variables contre des paiements à taux fixes. Comme ce marché est très liquide, la courbe des taux de swap sert déjà depuis des décennies de base à la fixation des prix des obligations et des crédits en francs ainsi qu'à leur évaluation.
Depuis la crise financière, le volume des opérations sur le marché monétaire non gagé - qui sert justement de base au calcul du Libor - s'est réduit de façon dramatique et n'a depuis jamais marqué de reprise. C'est pourquoi l'autorité de réglementation britannique a annoncé en juillet 2017 qu'elle ne soutiendrait la publication du Libor que jusqu'à fin 2021. Etant donné la position dominante de ce taux, l'abandon du Libor constitue une tâche exigeante, en Suisse comme ailleurs. Tous les acteurs doivent contribuer à une transition aussi ordonnée que possible en s'y préparant à temps. En fin de compte, la responsabilité du choix du nouveau taux de référence revient elle aussi au secteur privé. La Banque nationale suisse (BNS), qui s'investit depuis de nombreuses années en faveur du marché monétaire, participe à ce processus. Elle est représentée dans le groupe de travail national sur les taux d'intérêt de référence, qui dirige et coordonne la transition. Celui-ci a recommandé en octobre de recourir au SARON en lieu et place du Libor. Le SARON, soit le taux de l'argent au jour le jour sur le marché des pensions de titres, est une référence déjà bien établie, qui repose sur un volume d'opérations élevé et sur une méthode de calcul transparente.
En ce qui concerne le marché des changes, on remarque depuis quelques temps que le franc n'est plus soumis à de fortes pressions à la hausse. Cette évolution s'explique probablement par l'amélioration de la situation et du climat durant le premier semestre dans la zone euro, par la persistance d'une conjoncture favorable aux Etats-Unis et par la santé dans l'ensemble toujours robuste de l'économie mondiale.
L'ampleur et la rapidité de la dépréciation du franc ont surpris bien des analystes et sans doute quelques acteurs du marché cet été. Cet affaiblissement a toutefois reposé sur une assise remarquablement large sur le marché. Même si l'activité s'est montrée parfois mouvementée, elle est toujours restée ordonnée. Ainsi, les écarts entre cours d'achat et cours de vente ont évolué autour de leur moyenne de long terme, ce qui indique une bonne qualité du marché.
Malgré la détente enregistrée, la situation demeure fragile sur le marché des changes. Le risque d'une nouvelle appréciation marquée du franc ne peut être exclu. Aussi la politique monétaire expansionniste de la BNS, avec le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue et la disposition à intervenir au besoin sur le marché des changes, reste-t-elle appropriée.